L’économie de Saint-Pie-de-Guire s’est beaucoup développée à travers les forges situées près de la rivière aux Vaches. L’implantation des forges est l’œuvre de Félix-Adolphe Toupin, un marchand de bois de Saint-François-du-Lac, qui a observé le potentiel de l’endroit riche en minerai ferrugineux. En 1867, F.-A. Toupin s’est affilié à des marchands de Montréal pour former « La Compagnie des Mines de la Rivière Saint-François ». Cette association est indispensable afin d’obtenir le capital nécessaire à l’érection des forges de Saint-Pie-de-Guire. Le fourneau bâti à Saint-Pie est une réplique de celui des forges de Saint-Maurice.
À l’été 1873, les forges sont arrêtées sans que des raisons précises soient exposées. Selon un journal de Trois-Rivières, il semblerait que la rentabilité des forges est remise en question et que les minerais nécessaires à la production du fer se font rares dans les environs. En 1874, les forges sont vendues à John McDougall qui détient les trois quarts de la production de fer au Canada. McDougall a également pris possession de plusieurs lots de terres aux environs des forges.
Le transport du fer s’effectue par bateaux jusqu’à Montréal sauf durant la saison hivernale où le fer est laissé au quai de Yamaska en attendant la fonte des glaces. Le train n’a jamais circulé à Saint-Pie-de-Guire même si les plans d’origine en prévoient la possibilité. En fait, Edward J. Hemming, le député de Drummond-Arthabaska, projette l’idée d’une ligne de chemin de fer partant du Grand Tronc au village d’Upton et qui passerait par Drummondville pour aller rejoindre le tronçon d’Arthabaska. Cette ligne aurait permis de construire plusieurs embranchements qui se seraient rendus près des voies navigables, dont la rivière aux Vaches de Saint-Pie-de-Guire. Ce projet est substitué par une voie ferrée favorisant les intérêts de Louis-Adélard Senécal, chargé de la construction de cette ligne. Le nouveau projet part de Drummondville et passe par Saint-Germain-de-Grantham, Boulogne, Saint-Guillaume, Saint-David, Yamaska et Saint-Robert. La ligne rejoint le port de Sorel et assure que les moulins à scie de Senécal soient desservis par la voie ferrée. Ce projet s’est concrétisé avant que John McDougall soit propriétaire des forges. Robert McDougall a demandé en 1879 à la Cie du Sud-Est que la petite ligne de Saint-Guillaume se rende jusqu’à la rivière Saint-François en passant par les forges. Une prolongation de la voie de service de la gare de Saint-David est réalisée en vue de satisfaire partiellement à la demande de McDougall mais le chemin de fer rêvé n’est jamais devenu réalité.
Le minerai utilisé dans la fabrication du fer est la limonite (bog ore). Il est possible de repérer cette ressource via les ruisseaux aux endroits où l’eau semble rouillée. Le fer produit sert souvent à faire des « moulages malléables principalement pour des roues de wagon et de chemin de fer ». Sous l’administration McDougall, le haut fourneau produit au maximum de sa capacité c’est-à-dire près de 3,5 à 4 tonnes de fer par jour. Toutefois, des problèmes se font sentir dès l’année 1879 puisque l’approvisionnement en bois est devenu difficile tout comme le recrutement des bûcherons. À la fin de cette même année, le fourneau ne performe plus aussi bien qu’auparavant ce qui affecte la qualité du fer produit. En dépit des nombreux efforts, les forges de Saint-Pie-de-Guire ne fournissent plus un rendement satisfaisant. Le four requiert de plus en plus de charbon tout en produisant une quantité moindre de fer. Les forges de Saint-Pie-de-Guire ont fermé à la suite d’une étude de productivité démontrant que les forges des McDougall à Drummondville produisent le fer pour quatre dollars de moins la tonne. À la suite de la fermeture de cette industrie, plusieurs habitants de Saint-Pie-de-Guire se sont tournés vers l’agriculture.