Le commerce du bois a occupé une place importante avant même la fondation de Saint-Eugène. Le moulin de Samuel Clark et Edwin L. Meighs est situé sur le lot 27 du 13e rang à proximité du ruisseau aux Foins. Les terres environnantes s’avèrent riches en pins et en pruches. Les emplois générés par le moulin attirent plusieurs colons provenant de Saint-Guillaume, Sorel, Saint-Aimé, Yamachiche, Saint-François-du-Lac et de Berthier. Ce commerce prospère engage 75 hommes et produit l’équivalent de 1 800 000 mètres de bois pour une somme de 60 320$ en 1861. Cependant, l’augmentation des tarifs douaniers et la baisse de la demande entraînent la vente du moulin à Isaac Wilson de Saint-Germain. Cet entrepreneur a maintenu ce qui fut appelé le « Moulin à feu », ou plus tard « Empire Mills », jusqu’en 1882 même si la demande de bois décline. La dénomination « Moulin à feu » se retrouve dans les cahiers de prône des curés de Saint-Guillaume d’Upton pendant qu’ils desservent le territoire de Saint-Eugène. Ils appellent les résidants de la région les gens du « Moulin à feu ». On utilise la sciure comme combustible pour obtenir la vapeur et actionner le moulin. Toutefois, ce combustible crée possiblement des étincelles qui sortent par la cheminée. De fait, l’abondance de fumée qui sort par le tuyau et l’odeur de feu qui l’accompagne expliquent sans doute l’appellation de « Moulin à feu ». Un moulin à moudre a aussi été installé près du moulin à scie ainsi qu’une entreprise de portes et de châssis en 1902.
La chute de l’industrie forestière a conduit les gens de Saint-Eugène à se tourner progressivement vers l’agriculture. En 1871, on dénombre une vingtaine de cultivateurs contre une quarantaine de journaliers. La situation est renversée en 1881 et l’agriculture se retrouve de nouveau à la base de l’économie. Les gens essaient d’être autosuffisants en raison de l’accès difficile au marché. En 1921, 85% des terres sont déjà défrichées et une proportion de 60% est utilisée pour la culture. La production de lait a également gagné en popularité. Une fromagerie est bâtie en 1892.
Plusieurs colons ont aussi choisi de s’éloigner afin de gagner les revenus nécessaires pour l’achat de leur terre. À l’été, certains travaillent aux briqueteries de Saint-François-du- Lac et de Yamaska alors que d’autres se rendent aux États-Unis et œuvrent dans l’industrie du textile ou de la chaussure. L’hiver, les chantiers de bois attirent les travailleurs même si certains sont aussi éloignés que Bytown (ancien nom de la ville d’Ottawa). Cette ville est alors la capitale mondiale du bois d’œuvre.
L’importance de l’agriculture a décliné à Saint-Eugène quand une majorité de travailleurs se sont tournés vers le travail industriel concentré principalement dans les villes environnantes : Drummondville, Saint-Hyacinthe et Montréal.