La moitié du canton de Grantham est accordée au loyaliste William Grant et à sa trentaine d’associés le 4 décembre 1799 avec l’accord du lieutenant-gouverneur Robert Shore Milnes. Le territoire obtenu comprend 129 lots et s’étend sur 36 400 acres. William Grant est un marchand d’origine écossaise s’intéressant aussi à la politique. Son mariage avec Marie-Anne Catherine Fleury Deschambault ne lui a donné aucun enfant. À la mort de William Grant en 1805, son neveu Charles William Grant refuse la succession en raison des dettes trop élevées venant avec l’héritage. C’est en 1808 que les terres saisies de Grant ont trouvé un nouveau propriétaire avec l’écossais John Richardson. Il est l’exécuteur testamentaire de Grant. Ce marchand fortuné, fondateur de la Banque de Montréal, est aussi le mari de la riche nièce du défunt : Sarah Ann Grant.
Richardson a conservé ses terres pendant quelques années avant d’accepter en 1815 l’offre de Frederick George Heriot. Selon cette proposition, Richardson céderait 108 lots de terre dans les six premiers rangs du canton en échange de plus de terres situées davantage au sud du canton. Par cet arrangement, Heriot obtient les territoires requis afin d’établir des vétérans de la Guerre de 1812. Richardson et sa succession ont longtemps conservé leurs « nouvelles » terres dans le canton. La vente de ces terres à des prix élevés a contribué à la fortune des héritiers de Richardson. Toutefois, la loi municipale de 1855 consistant à taxer « à valeur égale les spéculateurs terriens » pour financer le développement et l’entretien du réseau routier, a incité plusieurs spéculateurs à renoncer à leurs terres plus hâtivement avec la diminution des profits.
L’établissement des vétérans de la guerre dans les cantons de Grantham n’a pas donné de résultat à long terme. Plusieurs soldats du corps des Voltigeurs se sont installés entre les 4e et 6e rangs de Saint-Germain mais dès le début des années 1820, il n’en reste plus que huit tellement le processus d’obtention des lettres patentes se révèle long et pénible. Des vétérans du Régiment de Meuron se sont aussi établis dans le canton de Grantham. Leur arrivée tardive dans le canton leur a laissé les terres les plus éloignées, c’est-à-dire celles qui ne se trouvent pas à proximité de la rivière Saint-François dans les 4e, 5e et 6e rangs. Les 53 anciens combattants de ce régiment totalisent 25% des concessionnaires du canton. Les soldats du régiment de Meuron n’ont pas conservé leurs terres beaucoup plus longtemps que ceux des Voltigeurs. En fait, le recensement de 1831 témoigne qu’il ne reste que deux vétérans des Voltigeurs et sept du régiment de Meuron. Les conditions difficiles dans lesquelles ils ont dû s’établir : maigres rations, peu de moyens financiers et les terres situées près de la rivière Noire peu propices à l’agriculture, ont provoqué leur départ. Les plus tenaces sont demeurés et ils ont participé à l’ouverture du chemin de Yamaska et à l’érection de la première chapelle Saint-Frédéric à Drummondville. Ils sont aidés des Canadiens français et des Irlandais établis dans la région qui réclament un prêtre résidant dès 1842. Quelques-uns des anciens soldats sont encore là lors de l’érection de la première chapelle de Saint-Germain.
Enfin, l’évaluation de 1849 illustre que la plupart des lots des 6e, 7e et 8e rangs sont habités par des Anglais et des Canadiens français. D’autre part, l’évaluation de 1851 démontre que les 9e, 10e, 11e et 12e rangs du canton sont désormais ouverts.
Certaines familles pionnières ont grandement influencé l’histoire de cette municipalité, c’est notamment le cas de la famille William Watkins qui a implanté des moulins dans la région. James Henry Watkins, le fils de William, a assuré la relève aux moulins pendant quelques années avant de se lancer dans l’exploitation d’un magasin général. Le nom de la rue Watkins est sûrement inspiré de ces pionniers.
Une autre famille qui a laissé sa marque est celle de Joseph Laferté. Ce marchand a acheté une partie du lot 9 sur le 7e rang avec une maison abritant un magasin. Il a été député provincial de 1901 à 1909 et maire de Saint-Germain de 1912 à 1916 et de 1918 à 1929. Son fils, Hector Laferté a été député de Drummond de 1916 à 1934. Il a occupé le poste de ministre de la Colonisation. La rue Laferté, située en face de l’église, est nommée en son honneur.